Cap ou pas cap : écrire un discours

Coucou ma paillette !

Je suis de retour pour discuter d’un sujet essentiel : le discours ! Dans tous les mariages auxquels j’ai assisté, il est un élément incontournable. Le discours prend différentes formes, prononcé par les parents des mariés, leurs témoins, amis proches, frères et sœurs, ou même cousins. Dans notre vision familiale de la fête pour le grand jour de mon frère, il était primordial pour mes sœurs et moi d’en concocter un.

J-8 mois :

Avec Mademoiselle Prof, nous roulons sur une route provençale dans une magnifique voiture décapotable louée par hasard sur Getaround pour l’occasion. Nous revenons d’un superbe mariage cousin où les discours ont été remarquables : incisifs, émouvants et surprenants. Nous échangeons nos impressions. Ma sœur note qu’il n’y avait pas de rétroprojecteur, ce qui, de son point de vue, n’apporte pas grand-chose au discours et n’est pas toujours visible par tous. Elle souligne qu’il serait sage de bien préparer le nôtre pour le mariage de notre frère, Monsieur Poum, évitant ainsi de rédiger un texte à la va-vite la veille, une pratique que nous déplorons souvent. Je ne peux qu’approuver cette logique.

J-6 mois :

Suite à cette conversation qui m’est restée en tête, je sors une feuille et un stylo, et je commence à griffonner tous les souvenirs que j’ai avec mon frère, ainsi que ceux notoires qui, bien que ne me concernant pas directement, méritent d’être rappelés à mes sœurs.

J-4 mois :

Le calme avant la tempête. À travers quelques remarques anodines, je réalise que mes sœurs appréhendent un peu ce discours, pensant que notre frère n’a pas d’humour et qu’un faux pas dans nos paroles le rendrait mécontent. Personnellement, je les trouve un peu trop rigides; je pense qu’un humour fin pourrait fonctionner sans problème. J’essaie tant bien que mal de les rassurer.

J-2 mois :

Mes sœurs et moi sommes réunies lors de nos vacances chez nos parents, sans la présence de notre frère. Je propose alors de prendre un peu de temps pour discuter de notre discours, mais, évidemment, personne ne se manifeste.

J-1 mois :

Un peu exaspérée par cette inaction, je décide de composer le texte de mon côté, peu importe ce qu’elles en penseront. Je commence à rédiger des ébauches et des brouillons.

J-7 :

Mademoiselle Touche-à-Tout m’envoie un message : « En fait, que faisons-nous pour le discours de M. Poum ? » On dirait qu’une d’entre elles s’éveille enfin ! Je lui réponds que j’ai déjà commencé et lui propose de faire une liste de souvenirs, comme je l’ai fait.

J-3 :

Quel timing opportun ! Mademoiselle Prof crée une discussion sur WhatsApp pour savoir si nous avons des idées de discours. Jamais trop tard, il semblerait. Je lui dis la même chose qu’à Mademoiselle Touche-à-Tout, puis je partage mes premiers textes. Mademoiselle Prof envisage d’inclure des vers. Pour ma part, j’ai des réserves, craignant de me sentir limitée par cet exercice.

J-2 :

J’ai rencontré ma belle-sœur, Mademoiselle Fonceuse, la veille. Je leur ai offert mon aide pour la préparation du mariage. Je m’en souviendrai dans un futur article, c’était un moment merveilleux ! Étant bien occupées, je n’ai finalement pas pris beaucoup de temps pour le discours. Les frères de Mademoiselle Fonceuse retravaillent le leur sans cesse, cherchant à respecter une durée de 15 minutes. Nous, aucun stress ! Et pas de nouvelles des sœurs dans la journée. Parfait.

J-1 :

Mademoiselle Prof, à peine assise dans son train, nous relance avec ses parties. Elle avance efficacement, comme une locomotive (je l’imagine, je n’étais pas avec elle, hélas). Devant la beauté de ses phrases, je me décide à inclure des alexandrins. Après avoir tous récupéré à la gare, nous avons une réunion de guerre pour mettre en commun nos idées et structurer notre discours, en écartant les parties superflues. Nous voulons que la majorité des invités puisse suivre, même si le discours est destiné à Monsieur Poum et à Bientôt-Madame Fonceuse-Poum.

Jour J :

Réveil tôt (ou presque), nous avons rendez-vous chez le coiffeur. Avant cela, une dernière réunion pour les recommandations finales. Nous finissons nos écrits chez le coiffeur, chacune dans son siège. De retour, il est temps de chronométrer et d’apporter les derniers ajustements pendant que nous enfilons nos vêtements de fête avant le grand moment. Puis, la fiesta commence : messe, cocktail, dîner. Et voilà notre tour ! L’auditoire est attentif, nous sommes focalisées sur nos textes, j’ose à peine croiser le regard de mon frère. Voici un extrait de ma partie :

      « Cela commençait par une rencontre au sommet,
      Grand Poum crapahutant par delà les sentiers
      Embarquant avec lui ses sœurs dans les montagnes.
      Bien souvent, ma paresse me soufflait de dire non !
      Mon orgueil révolté me poussait à la gagne,
      Je suivais alors mon grand par vaux et par monts.
      Merci, cher Poum, par toi je me suis dépassée,
      Tel le scout que tu fus et qui m’a inspirée

      […]

      Néanmoins, chère belle-sœur, prends garde à son absence,
      La perte d’habitude se fait tout en puissance :
      Très vite incapable de vider le lave-vaisselle
      « Je n’habite plus ici, j’ignore où est le sel »
      Je me retrouvais seule à ranger la maison
      Stupéfaite et surprise devant un tel aplomb »

Eh bien, quel succès mes amis ! Mon frère a été très touché, ému et à la fois amusé de découvrir les moments qui nous avaient le plus marqués.

Le reste de la soirée a été agrémenté de nombreux compliments de la part des invités, de tous âges et horizons, dont certains, je peine à me rappeler de qui il s’agissait.

On peut dire : écrire un discours ? Cap !
(Mon petit clin d’œil, mais il faut déjà penser à celui de Mademoiselle Prof, M-2 alors que j’écris ces lignes, et évidemment, rien n’est encore amorcé… bis repetita…)

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