Chroniques de mariage / Mariage

Quand un beau jour, la demande arrive – De l’autre côté du miroir

Une chronique de Madame [ã]ncre

(et de Monsieur Tao, surtout)

Surprise ! Les chroniqueuses Paillettes et Chaussettes, anciennes Dentelles pour certaines, sont très heureuses de vous faire (re)découvrir leurs chroniques de mariage. Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir que nous à relire leurs beaux récits.

Je t’ai laissée la dernière fois sur ma demande, ou plutôt, sur MA vision de la demande ainsi que sur notre rencontre.

Aujourd’hui, je laisse ma plume à M. Tao ! (Mais j’emmétrai quelques commentaires quand même, faut pas pousser !)

Crédits photo (creative commons) : stocksnap

La rencontre

J’étais arrivé un peu en avance à notre lieu de rendez-vous, à Paris, en face de l’opéra Garnier. Cela faisait un petit moment (quelques semaines ?) que l’on discutait ensemble via la messagerie de notre application de rencontres. On discutait de tout et de rien, ça a d’abord commencé par notre point commun – notre tatoueur, et donc nos tatouages -, puis nous avons commencé à parler de nos vies, nos passions, nos expériences passées. Notre « relation » virtuelle fonctionnait bien, je sentais le lien se tisser petit à petit entre nous deux.

C’est d’ailleurs pour ça que je lui avais proposé qu’on se rencontre « en vrai » (je ne pense pas lui avoir dit « rapidement », mais je le pensais). 

Parce que c’est bien beau les échanges entre smartphones, mais il ne faut pas que cela dure trop longtemps. Et si elle parlait comme une poissonnière ? Ou alors avec une voix de camionneur ?

C’est exactement comme après avoir lu le Seigneur des Anneaux : il faut voir ensuite le film pour être sûr que ça nous plaise pour de vrai (drôle/pas drôle ? les commentaires sanctionneront ce choix humoristique, si commentaires il y a). (1)

J’étais donc sur la place en face de l’opéra Garnier, mon portable dans une main, guettant l’appel éventuel de mon rendez-vous. Parmi la foule qui animait cette place, en cette soirée de semaine, je me demandais où pouvait se trouver Mademoiselle [ɑ̃]ncre. On ne se connaissait qu’en photo ; je lui avais donnée un petit détail vestimentaire pour qu’elle me repère : Adidas vertes et blouson noir.

Après de longues minutes d’attente, où se mêlent impatience, interrogations sur l’avenir à très court terme – que va-t-on se dire ? où va-t-on boire un verre ? Est-ce que 1589 est un nombre premier ? -, la voilà enfin.

Sourire radieux, je suis rassuré également sur mes égarements de poissonnerie et de poids-lourds ; tout commence bien !

Allez, direction la recherche d’un endroit pour boire un verre et discuter. Manque de chance : elle ne connaît pas très bien Paris, et pas de chance, il ne faut pas compter sur moi pour trouver un bar sympa vers Opéra – je n’ai jamais trop été expert en bar/vie nocturne parisienne -. On s’oriente donc vers une rue animée, le hasard guidant nos pas – Dieu aurait pu guider mes pas, si j’étais croyant. Mais ne l’étant pas, je m’en remets aveuglément au hasard -.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me rappellerai toujours de cette rue que nous avons traversé : le feu était rouge (pour les piétons), donc les conditions normales pour emprunter un passage piéton lorsqu’on pratique l’Ile de France depuis un certain temps. On traverse donc “à la parisienne”, et j’ai décelé chez elle un léger soupçon de peur et d’insécurité : je ne saurais l’expliquer, j’ai trouvé ça vraiment craquant. (2)

Arrivé au bar – un bistrot parisien totalement banal -, on se raconte nos vies. Elle en sirotant un Orangina (elle ne doit pas d’alcool ? Wahou), moi en dégustant ma Leffe. On rigole, on parle de tout et de rien ; c’est en fait beaucoup mieux de discuter en vrai : les messageries instantanées laissent souvent beaucoup de froideur dans les échanges, les mots perdent de la vie qu’ils acquièrent lorsqu’ils sont manipulés par des cordes vocales.

La contrainte temps – le dernier RER – nous oblige à nous séparer ; on se rend au RER pour rentrer chacun de son côté.

J’occupe le trajet, songeur, à me remémorer les différents instants de cette soirée ; et à me demander quand et comment on pourra se revoir…

La demande

Il y a des moments que l’on est impatient de vivre, d’abord parce qu’ils sont le point d’orgue d’un cheminement intérieur et d’une préparation minutieuse – ou presque -, et ensuite parce que quand même, à un moment donné, il faut se lancer.

L’ami coureur qui me lirait se trompe s’il pense que je suis en train de parler des instants qui précèdent le départ de l’ultra trail du Mont Blanc. 

Je parle ici de la demande en mariage. Roulements de tambour suivis de trois coups de cymbale, applaudissements.

Mais arrêtons-nous quelques instants, et voyageons dans le temps, quelques mois en arrière.

J’avais déjà glané et enregistré quelques informations essentielles à l’élaboration du Plan, même si à ce stade, on ne peut pas vraiment parler de Plan. Je sais juste qu’un jour, dans un futur proche, un anneau sera offert à Mademoiselle [ɑ̃]ncre, en échange d’une réponse à une question qui servira de point de départ au deuxième tome de ma vie d’adulte.

J’avais donc en ma possession les informations suivantes : la taille de la bague, un exemple de bague qui plaît à Mademoiselle [ɑ̃]ncre, et surtout, le critère qui peut paraître annexe, alors que pas du tout : la provenance de la pierre. Ce sera un bijou éco-responsable ou ce ne sera pas.

Plutôt adepte de l’efficacité, je commande en ligne la bague que Mademoiselle [ɑ̃]ncre m’avait donné comme exemple : aucune prise de risque, mais au moins, succès garanti. Solution de facilité ? Peut-être, mais Sartre n’a-t-il pas dit “la facilité, c’est le talent qui se retourne contre nous” ? Toujours est-il que le plan tombe complètement à l’eau lorsque le vendeur (un joaillier californien éco-responsable qui conçoit et vend ses bijoux en ligne) m’indique que non, désolé, il ne peut pas faire acheminer le solitaire en France.

Retour à la case départ, il va falloir faire quelques efforts supplémentaires pour trouver “mon précieux”. Bijouterie éco-responsable, Paris. Ça limite les choix, mais j’arrive finalement à trouver l’endroit qui répond à ces critères. La principale difficulté maintenant, c’est le choix du bijou : évidemment, il n’y a pas un modèle qui ressemble exactement à l’exemple que Mademoiselle [ɑ̃]ncre m’avait donné. L’insécurité psychologique est à son comble, je me retrouve seul face à mes choix, un peu comme ce saumon qui remonte la rivière : va t-il retrouver son lieu de naissance tel qu’il l’avait laissé des mois auparavant ?

De nombreuses heures passées à consulter, comparer, évaluer les différents choix de bagues possibles et proposées par la bijouterie portent leur fruit. Je suis fixé et me décide à aller sur place pour confirmer tout ça, et surtout pour voir l’anneau en vrai, les reflets de la pierre à la lumière du jour ; tout ce qu’il n’est pas possible de juger sur une simple photographie.

Cette fois-ci, c’est bon. “Je peux la revoir s’il vous plait ?” “Hmmm, laissez-moi réfléchir, je repasserai” “C’est bon, je la prends”.

Elle est dans ma poche, j’ai maintenant tous les éléments pour planifier la date de la question fatidique. Manque de chance, ce sont bientôt les fêtes de fin d’année, et je me voyais mal faire ma demande au repas de Noël, après la bûche du tonton. Tant pis, ce sera l’année prochaine. Je me décide d’attendre la Saint-Valentin pour faire ma demande : c’est un peu kitch et “déjà vu”, il faut vraiment bien s’y prendre pour ne pas tomber dans le ridicule.

La date approchant, je me retrouve confronté à une nouvelle difficulté: “tu sais cette année nous ne sommes pas obligés de s’offrir ou de faire quoi que ce soit pour la Saint-Valentin”.

Ayant du mal à mentir, je me suis retrouvé dans une situation où je me suis senti obligé d’avouer que si, j’avais prévu un petit quelque chose pour la Saint-Valentin. Torturé de l’intérieur par l’envie de tout avouer avant le jour J, et Mademoiselle [ɑ̃]ncre m’interrogeant régulièrement sur la nature de ce fameux cadeau de Saint-Valentin, je suis obligé de divulguer un indice.

Un indice qui sera suivi par un suivant. Et un suivant. Au final, ce petit jeu des indices a donné naissance à six énigmes à résoudre :

  • “couleur préférée”  (réponse : le bleu)
  • “trigonométrie” (réponse : un cercle)
  • “océan indien” (réponse : le bleu)
  • “ce n’est pas un voyage” (ça, c’était surtout pour ne pas penser que « océan indien » ne faisait pas référence à un voyage)
  • “alcaline” (réponse : bleu)
  • “pierre qui roule n’amasse pas mousse” (référence subtile à la pierre, n’est-il pas ?)

Je pense que Mademoiselle [ɑ̃]ncre devait se douter de quelque chose, vers la fin. 

Toujours est-il que ce petit manège durera jusqu’au jour J, jour où le plan se déroula.

Le Plan était finalement assez basique et peu original : soirée théâtre, resto, balade dans Paris. La demande s’intercalant quelque part là-dedans.

Nous profitons de la soirée, moi avec ma bague dans la poche, prêt à dégainer. J’essaye de paraître naturel, j’espère que le stress ne transparaît pas. Plus le temps passe, plus le nombre d’opportunités pour faire ma demande s’amoindrit. Pour autant, je ne me vois pas faire ma demande devant tout le monde au théâtre. Soit, on attend et on verra plus tard. Au restaurant : qui peut avoir le courage de faire une demande au restaurant (à part dans les films ?). Sur le chemin du retour, dans le RER qui nous ramène à la maison, je constate que la mission doit être accomplie et qu’il ne reste plus beaucoup de temps.

Finalement, retournés au point de départ – à la maison -, je me lance.
J’ouvre la petite boîte dans laquelle se trouve le solitaire bleu Saphir. Je regarde Mademoiselle [ɑ̃]ncre et lui demande : “Cap’ ou pas cap ?”

Crédit photo : photo personnelle

Notes de Mademoiselle [ɑ̃]ncre :
(1) Je tiens à signaler que je ne cautionne absolument pas cette blague ! Le Seigneur des Anneaux, c’est bien en livre. POINT ! (Bon même s’il faut avouer que les films ne sont pas mauvais, comparés à des Harry Potter par exemple… Ahem… bref…)

(2) Je tiens à préciser que c’est totalement faux, il me la ressort à chaque fois celle-là, mais c’est MOI qui ai traversé en premier, sinon on y serait encore ! Voilà voilà ! Ch’ui une pirate moi !!

Et toi, est-ce que tu as eu la version de ton futur ? Comment l’a t-il vécu de son côté ?

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires