
Celle qui avait décidé de donner ses ovocytes (Part. 2)
Une chronique de Madame [ã]ncre –
Ma petite chaussette, la dernière fois, je te laissais juste avant de te raconter mon entretien préliminaire à un potentiel don d’ovocytes. Ce rendez-vous, outre le fait qu’il soit obligatoire, est à mon sens indispensable pour comprendre ce qui se joue dans tout ça. Ce n’est pas anodin, et je vais essayer de te le retranscrire au mieux.

Crédit photo : Daria-Yakovleva sur Pixabay
Comme un coq en pâte
Comme je te l’indiquais la dernière fois, à un moment donné, à un instant T, j’ai choisi d’écrire un mail pour demander des informations, et mieux encore, de l’envoyer. J’ai reçu une réponse assez rapide, dans laquelle on me propose soit un rendez-vous téléphonique, pour m’expliquer grosso-modo ce que c’est que cette chose-là, soit de prendre directement un rendez-vous en physique, afin de parler de ce projet, et potentiellement lancer la machine, si je n’ai pas fui devant les explications du médecin.
J’ai choisi le rendez-vous en présentiel, que je trouve plus humain, parce que je n’aime vraiment pas le téléphone, et que j’ai besoin de ressentir les gens. Et puis que les explications entrent mieux dans mon petit crâne si je regarde la personne en même temps qu’elle me parle. Et donc assez rapidement, j’ai eu un entretien avec le docteur en charge du don d’ovocytes de l’institut que j’avais choisi. Elle m’avait prévenu que l’entretien durerait 1h, puis qu’il serait suivi, si je le souhaitais bien entendu, d’une échographie pelvienne et d’une prise de sang. Ces rendez-vous médicaux sont obligatoires, donc les faire à la suite de l’entretien permet surtout d’éviter les multiples allés et retours à l’institut, assez éloigné de mon domicile et de mon lieu de travail.
Lorsque je suis arrivée dans cet institut, l’institut Mutualiste Montsouris donc, je me suis sentie comme un coq en pâte. Je pense que c’est lié au fait qu’ils ne doivent pas avoir beaucoup de donneuses, et que donc, ils font tout pour les choyer. Je dois bien dire que ça a réussi pour moi, je me suis sentie vraiment bien, pas du tout stressée, à ma place. Ou alors ils sont comme ça avec tout le monde, et dans ce cas, c’est merveilleux !
Place à la technique

Cet entretien, comme je te le disais plus haut, est pour moi fondamental pour comprendre. Comprendre ce qu’est un ovocyte, à quoi il sert, comment je peux aider, comment marche le corps, comment on va me prélever mes ovocytes…
Pour commencer, nous avons parlé de moi, de ma santé, des maladies que j’avais pu avoir au cours de ma vie. Puis nous avons fait un arbre généalogique. De toute ma famille. Ca peut donc être long. D’autant que parfois, on ne sait pas trop, on n’est pas sûr, on n’a pas les informations. Je t’invite donc à te renseigner auprès de tes proches avant d’aller à cet entretien, sur les maladies qu’ont pu rencontrer tes parents, grands-parents, oncles et tantes.
Suite à ça, le médecin m’a informé sur la technique de don, elle m’a montré des schémas, des plans, et m’a bien expliqué tout le déroulé et le processus du don. Car non, il ne suffit pas de claquer des doigts, et puis voilà. Il ne suffit pas non plus d’aller, comme pour un don du sang, une fois 40 minutes dans un lieu de prélèvement et puis pouf tralala. Non. C’est bien plus contraignant que ça, et c’est sûrement l’une des raisons qui fait qu’il y a si peu de donneuses. Et enfin, elle m’a parlé des risques, car bien sûr, il y en a toujours, du plus bénin au plus grave, car c’est la loi, mais avec beaucoup de bienveillance et en étant très rassurante. Oui il y a parfois des effets indésirables, mais ils sont généralement soit inexistants, soit bénins. Mais il faut quand même en parler, au cas où !
Le processus
Je te le décris rapidement, parce que je reviendrai sur chaque étape dans une chronique dédiée à chaque fois (si je peux aller jusque-là) mais c’est important d’avoir ces notions en tête dès le début :
- Premier rendez-vous médical avec le médecin pour s’informer, comprendre et obtenir le formulaire de consentement (✔)
- Un bilan médical comprenant une prise de sang (quelques tubes) pour déceler la présence éventuelle de virus, définir le groupe sanguin si tu ne le connais pas et réaliser un caryotype pour voir si tous tes chromosomes sont tout beaux sans anomalies, puis une échographie pelvienne pour vérifier ta fonction ovarienne (combien d’ovocytes en moyenne dans chaque ovaire) (✔)
- Un entretien avec un psychologue (✔)
- Une consultation avec un médecin anesthésiste
- Une phase de simulation des ovaires par injections sous-cutanées quotidiennes d’hormones sur 10 à 12 jours
- Le prélèvement des ovocytes par anesthésie générale de courte durée ou localisée
Petites choses à savoir
Il y a quelques petites choses à savoir, en plus du shéma de donneuse :
Premièrement, lorsque tes ovocytes auront été prélevés, ils seront congelés. C’est plus facile ainsi plutôt que d’organiser le prélèvement pile au même moment qu’une receveuse est apte (au bon moment de son cycle) à recevoir les ovocytes. Ainsi, ils pourront être attribués à la ou les personnes receveuses plus facilement. La fiv et la congélation des ovocytes sont maintenant tellement bien gérées qu’il est bien plus facile de procéder ainsi.
Deuxièmement, tu ne connaîtras pas la ou les receveuses de tes ovocytes.
Troisièmement, tu ne sauras pas si tes ovocytes auront pu découler sur une ou des grossesses et sur la naissance d’enfants. Tu ne sauras pas si la ou les fiv auront fonctionnées. C’est ainsi.
Quatrièmement, jusqu’à la fin de l’année (je n’ai plus la date en tête mais je te la retrouverai pour ma prochaine chronique) aucun document sur toi ne pourra être adressé à l’enfant ou les enfants à naître grâce à tes embryons. Seuls les éléments médicaux qui pourront avoir un impact sur sa.leur vie lui.leur seront transmis. Lorsque cette loi sera mise en place, il faudra donner son nom, son prénom et plusieurs autres informations qui permettront à l’enfant, à sa majorité, de découvrir ou non son dossier.
Cinquièmement, le formulaire de consentement que tu as récupéré lors de ton premier rendez-vous médical ne pourra être récupéré par le médecin qu’au bout d’un mois. Tu as ce mois pour bien réflechir et pouvoir « te rétracter » même si dans les faits, tu peux arrêter à tout moment.
Et moi dans tout ça ?
Moi, j’en suis là : j’ai eu mon entretien avec le médecin, qui s’est donc super bien passé comme je te l’indiquais. J’ai fait ma prise de sang, pour laquelle je n’ai pas les résultats, car j’ai omis de les demander… mais ce n’est pas grave, j’en parlerai avec le médecin quand je la reverrai. J’ai eu mon échographie pelvienne, qui a été extrêmement rapide, avec une sage-femme extrêmement délicate et prévenante (<3) et pour laquelle nous avons pu constater un nombre d’ovocytes très correct. Après moult péripéties, j’ai finalement rencontré le psychologue et quand tu liras ma chronique, il aura certainement statué sur mon degré de folie. Ensuite ? Ensuite, je te donne rendez-vous dans ma prochaine chronique pour mes futures aventures !

Tu as des questions ? Une histoire à partager, des doutes, des peurs, quelque chose à dire ? N’hésites pas à m’en parler dans les commentaires et je me ferai une joie de te répondre dans la limite de mes compétences absolument pas médicales 😀
Je ne saurai pas si j’aurai le courage de faire don de mes ovocytes. Mais je trouve le geste tellement beau, donner la chance d’être parent à des personnes qui ne le peuvent pas physiquement/biologiquement
Ta chronique me fait beaucoup réfléchir. Mille mercis de partager ton parcours avec nous.
Quelle merveilleuse idée. Je n’avais pas du tout conscience de tout ca. C’est étonnant, j’avais de œillères… Alors que pourtant oui je me doute bien qu’il doit y avoir des dons d’ovocytes… Je découvre avec ton article que je suis aussi hors course puisque je vais sur mes 39. Dommage, ne voulant plus d’enfant j’aurais pu, peut-être faire bénéficier quelqu’un d’autre de ce grand bonheur… Ca me fait réfléchir ton article Mlle Ancre <3
Je n’ai pas très bien compris : si jamais un enfant naît de ce don d’ovocytes dans son dossier il a accès au nom et coordonnées de la donneuse ? Il peut entrer en contact avec sa « mère biologique » (je ne connais pas le terme adapté à la situation ). Merci à toi une nouvelle fois pour ton partage de parcours !
Coucou ! Il y a une nouvelle loi qui est sortie mais qui n’est pas encore mise en place. De fait, moi je ne suis pas concernée. Cette nouvelle loi oblige les donneurs à laisser leur nom, prénom, coordonnées, afin que l’enfant puisse, à sa majorité, et s’il le souhaite, les retrouver et connaître ses origines. Pour ma part je n’ai pas cette obligation. Ma médecin m’a cependant dit que si je souhaitais le faire, je le pouvais, comme je suis à cheval sur l’ancienne et la nouvelle loi. Je pense que c’est en effet ce que je ferai.